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de Londres, d’où il ne sortit que dix ans plus tard.

Les premiers temps, il reçut chaque semaine des nouvelles de son père. Puis, un jour, le directeur de l’école lui apprit qu’il était orphelin, que les frais de son éducation étaient assurés, et que, à sa majorité, il toucherait, par l’intermédiaire d’un solicitor anglais, une somme de deux cent mille francs environ, qui composaient l’héritage paternel.

Deux cent mille francs, cela ne pouvait suffire à un garçon dont les goûts se révélèrent dispendieux et qui, envoyé en Algérie pour son service militaire, trouva le moyen, n’ayant pas encore d’argent, de faire vingt mille francs de dettes.

Il commença donc par dissiper l’héritage, puis se mit au travail. Esprit ingénieux, actif, sans vocation spéciale, mais apte à tout ce qui exige de l’initiative et de la résolution, plein d’idées, sachant vouloir et sachant exécuter, il inspira confiance, trouva des capitaux et monta des affaires.

Affaires d’électricité, achats de sources et de cascades, organisation de services automobiles dans les colonies, lignes de bateaux, exploitations minières ; en quelques années, il improvisa une douzaine d’entreprises qui, toutes, réussirent.

La guerre fut pour lui une aventure merveilleuse. Il s’y jeta à corps perdu. Sergent de troupes coloniales, il gagna ses galons de lieutenant sur la Marne. Le 15 septembre, atteint au mollet, il était amputé le jour même. Deux mois après, on ne sait à la suite de quelles intrigues, lui, le mutilé, il montait comme observateur dans l’avion d’un de nos meilleurs pilotes. Un shrapnell mettait fin, le 10 janvier, aux exploits des deux héros. Cette fois le capitaine Belval, blessé grièvement à la tête,