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— Parfait ! fit don Luis. Ta conscience se révolte, et ce n’est pas contre moi que ton bras se tourne. Parfait ! Nous nous comprenons, et l’acte que tu veux accomplir rachètera ta mauvaise vie, vieux bandit. Quand tout espoir est dissipé, il n’y a plus que cela qui reste : la mort. C’est le grand refuge.

Il lui saisit la main et, serrant sur la crosse les doigts affaiblis, il dirigea l’arme vers le visage d’Essarès.

— Allons, un peu de courage. Ce que tu as résolu de faire est très bien. Le capitaine et moi refusant de nous déshonorer en te tuant, tu as décidé d’agir toi-même. Nos compliments émus. Je l’avais toujours dit ! « Essarès n’est qu’une vieille fripouille, mais à l’heure de la mort, il finira en beauté, comme un héros, le sourire aux lèvres et la fleur à la boutonnière. » Il y a bien encore un peu de résistance, mais nous approchons du but. Encore une fois, je te félicite. C’est chic, ta façon d’en sortir. Tu te rends compte que tu es de trop sur la terre, que tu gênerais Patrice et Coralie… Mais oui, un mari c’est toujours une entrave… Il y a la loi, les convenances… Alors, tu préfères te retirer. Brave ! Tu es un vrai gentleman ! Et comme tu as raison ! Plus d’amour et plus d’or ! Plus d’or, Es-