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— Oui, mon capitaine, il joue aux cartes avec son flirt.

— C’est son droit d’aimer et d’être aimé, dit-il. Pas de lettres pour moi ?

— Non, mon capitaine, un paquet seulement.

— De la part de qui ?

— C’est un commissionnaire qui l’a apporté, sans rien dire que ces mots : « Pour le capitaine Belval. » Je l’ai déposé dans votre chambre.

L’officier gagna sa chambre, qu’il avait choisie au dernier étage, et vit le paquet sur la table, ficelé et enveloppé d’un papier.

Il l’ouvrit. C’était une boîte. Et cette boîte contenait une clef, une grosse clef vêtue de rouille, et qui était d’une forme et d’une fabrication évidemment peu récentes.

Que diable cela signifiait-il ? La boîte ne portait aucune adresse ni aucune marque. Il supposa qu’il y avait là quelque erreur qui s’expliquerait d’elle-même, et il mit la clef dans sa poche.

— Assez d’énigmes pour aujourd’hui, se dit-il, couchons-nous.

Mais, comme il allait tirer les grands rideaux de sa fenêtre, il aperçut à travers les vitres, par-dessus les arbres du bois de Boulogne, un jaillissement d’étincelles qui s’épanouissait assez loin, dans l’ombre épaisse de la nuit.

Et il se souvint de la conversation qu’il avait surprise au restaurant et de cette pluie d’étincelles dont avaient parlé ceux-mêmes qui complotaient l’enlèvement de maman Coralie…



III.

La clef rouillée.

À l’âge de huit ans, Patrice Belval, qui jusqu’alors avait habité Paris avec son père, fut expédié dans une école française