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ces. Ce ne sera pas long. En attendant, je vous jure de ne rien faire pour chercher à vous revoir.

— Et de ne rien faire pour connaître mon nom ?

— Rien. Je vous le jure.

Elle lui tendit la main.

— Adieu, dit-elle.

Il répondit :

— Au revoir.

Elle s’éloigna. Sur le seuil de la porte, elle se retourna et parut hésiter. Il se tenait immobile auprès de la cheminée. Elle dit encore :

— Adieu.

Une seconde fois il répliqua :

— Au revoir, maman Coralie.

Tout était dit entre eux pour l’instant. Il ne tenta plus de la retenir.

Elle s’en alla.

Lorsque la porte de la rue fut refermée et seulement alors, le capitaine Belval se dirigea vers une des fenêtres. Il aperçut la jeune femme qui passait entre les arbres, toute menue dans les ténèbres. Son cœur se serra.

La reverrait-il jamais ?

— Si je la reverrai ! s’écria-t-il. Mais demain peut-être. Ne suis-je pas favorisé par les dieux ?

Et prenant sa canne, il partit, comme il le disait, du pilon droit.

Le soir, après avoir dîné dans un restaurant voisin, le capitaine Belval arrivait à Neuilly. L’annexe de l’ambulance, jolie villa située au début du boulevard Maillot, avait vue sur le bois de Boulogne. La discipline y étant assez relâchée, le capitaine pouvait rentrer à toute heure de la nuit, et les hommes obtenaient aisément des permissions de la surveillante.

— Ya-Bon est là ? demanda-t-il à celle-ci.