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lorsque tu es revenu, hein ! quelle jolie scène à la cantonade ! Évidemment, je cognais bien contre la porte murée, entre l’atelier et la chambre de gauche… Seulement, vieux Siméon, je n’étais pas dans l’atelier, j’étais dans la chambre de gauche ! Et le vieux Siméon ne s’est douté de rien, et il est parti tranquillement, persuadé qu’il laissait derrière lui un condamné à mort. Un coup de maître, qu’en dis-tu ? Et je dominais tellement la situation que je n’eus même pas besoin de te suivre jusqu’au bout. J’étais sûr, comme deux et deux font quatre, que tu allais chez ton ami, M. Amédée Vacherot, le concierge. Et de fait, tu t’y rendis tout de go.

Lupin reprit haleine, puis continua :

— Ah ! là, par exemple, tu as commis une belle imprudence, vieux Siméon, et qui m’a tiré d’embarras… J’arrive : personne dans la loge. Que faire ? Comment retrouver tes traces ? Heureusement que la Providence me protégeait. Qu’est-ce que je lis sur un bout de journal ? Un numéro de téléphone tout frais écrit au crayon. Tiens, tiens ! voilà une piste ! Je demande ce numéro. J’obtiens la communication et, froidement, j’articule : « Monsieur, c’est moi qui ai téléphoné tout à l’heure. Seulement, si j’ai votre numéro, je n’ai pas votre adresse. » Sur quoi, on me la donne, cette adresse : « Docteur Géradec, boulevard de Montmorency. »

» Alors, j’ai compris. Docteur Géradec ? C’est bien cela. Le vieux Siméon va d’abord se faire administrer un bon tubage. Ensuite, on s’occupera du passeport, le docteur Géradec étant un spécialiste de faux passeports.