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chaient justement leur camarade Ya-Bon, et ils cherchaient aussi leur capitaine, le capitaine Belval, et ils cherchaient un ami de cet officier, et ils cherchaient une dame, celle chez qui ils logeaient.

« Ces quatre personnes avaient disparu, et de cette disparition ils accusaient un individu… mais, tenez, ils m’ont dit le nom… Ah ! c’est de plus en plus bizarre ! C’est Siméon Diodokis, c’était vous qu’ils accusaient… Est-ce curieux ? Mais, d’autre part, vous avouerez que tout cela constitue des faits nouveaux, et que, par conséquent…

Il y eut une pause. Puis nettement, le docteur scanda :

— Deux millions.

Cette fois, Siméon demeura impassible. Il se sentait dans les griffes de cet homme comme une souris entre les griffes d’un chat. Le docteur jouait avec lui, le laissait échapper, le rattrapait, sans qu’il pût avoir une seconde l’espérance de se soustraire à ce jeu mortel.

Il dit simplement :

— C’est du chantage…

Le docteur fit un signe d’approbation :

— Je ne vois pas en effet d’autre mot. C’est du chantage. Et encore un chantage où je n’ai pas l’excuse d’avoir fait naître l’occasion dont je profite. Un hasard merveilleux passe à portée de ma main. Je saute dessus, comme vous le feriez à ma place. Que voulez-vous ? J’ai eu avec la justice de mon pays quelques démêlés que vous n’êtes pas sans connaître. Nous avons, elle et moi, signé la paix. Mais ma situation professionnelle est tellement ébranlée que je ne puis repousser dédaigneusement ce que vous m’apportez avec tant de bienveillance.

— Et si je refuse de me soumettre ?

— Alors je téléphone à la préfecture de police, où je suis très bien vu maintenant,