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— Trente mille ?… Quarante ?… Cinquante ?… Oh ! oh ! davantage ? C’est le grand jeu, à ce qu’il paraît… La somme ronde… Allons-y. Mais, vous savez, tout est compris dans le chiffre fixé. Non seulement vous m’établissez un passeport dont l’authenticité ne soit pas contestable, mais encore vous me garantissez les moyens de partir de France, comme vous l’avez fait pour mon amie, Mme Mosgranem, et fichtre, à des conditions autrement avantageuses ! Enfin, je ne marchande pas. J’ai besoin de vous. Alors, c’est convenu, docteur ? Cent mille ?

Le docteur Géradec le regarda longtemps, puis d’un mouvement rapide mit le verrou. Revenant ensuite s’asseoir devant le bureau, il dit simplement :

— Causons.

— Je ne demande pas autre chose. On s’entend toujours entre honnêtes gens. Mais, avant tout, je répète ma question : nous sommes d’accord à cent mille ?

— Nous sommes d’accord… dit le docteur, à moins que la situation ne se présente sous un jour moins clair que vous ne la présentez.

— Que dites-vous ?

— Je dis que le chiffre de cent mille est une base de discussion convenable, voilà tout.

Siméon Diodokis hésita une seconde. L’individu lui semblait un peu gourmand. Néanmoins, il se rassit, et le docteur reprit aussitôt :

— Votre nom véritable, s’il vous plaît ?

— Impossible. Je vous répète que, pour des raisons…

— Alors, c’est deux cent mille.