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— Je ne refuse nullement de causer. Mais encore faut-il que je sache…

— Un peu de patience, docteur.

— C’est que mes malades attendent.

— Ce sera vite fait, docteur. Je ne vous demande pas un entretien, mais le temps seulement de dire quelques phrases. Asseyons-nous.

Il s’assit résolument. Le docteur prit place en face de lui, avec un air de plus en plus surpris.

Et Siméon prononça, sans autre préambule :

— Je suis de nationalité grecque. La Grèce étant un pays neutre et même ami jusqu’à ce jour, il m’est facile d’obtenir un passeport et de sortir de France. Mais, pour des raisons personnelles, je désire que ce passeport ne soit pas établi sous mon nom, mais sous un nom quelconque, que nous chercherons ensemble, et qui me permettra, avec votre aide, de m’en aller sans le moindre péril.

Le docteur se leva, indigné.

Siméon insista :

— Pas de grands mots, je vous en conjure. Il s’agit, n’est-ce pas, d’y mettre le prix ? J’y suis déterminé. Combien ?

D’un geste, le docteur lui montra la porte.

Siméon ne protesta pas. Il mit son chapeau. Mais, arrivé près de la porte, il articula :

— Vingt mille ?… Est-ce assez ?

— Dois-je appeler ? dit le docteur, et vous faire jeter dehors ?

Siméon Diodokis se mit à rire et, tranquillement, avec des pauses entre chacun des chiffres :