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XVIII.

Le docteur Géradec

La clinique du docteur Géradec groupait autour d’elle, dans un beau jardin, plusieurs pavillons dont chacun avait sa destination spéciale. La villa était réservée aux grandes opérations.

Le docteur y avait aussi son cabinet, et c’est là qu’on fit entrer d’abord Siméon Diodokis. Mais, après avoir subi l’examen sommaire d’un infirmier, Siméon fut conduit dans une salle située au fond d’une aile indépendante.

Le docteur s’y trouvait. C’était un homme de soixante ans environ, d’allure encore jeune, à la figure rasée, et que son monocle, toujours vissé à l’œil droit, obligeait à une grimace qui contractait tout le visage. Un grand tablier blanc l’habillait des pieds à la tête.

Siméon, très difficilement — car il pouvait à peine parler — expliqua son cas. La nuit dernière, un rôdeur l’avait attaqué, saisi à la gorge et dévalisé, le laissant à moitié mort sur le pavé.

— Il vous eût été possible d’appeler un médecin depuis, remarqua le docteur en le regardant fixement.

Et, comme Siméon ne répondait pas, il ajouta :

— D’ailleurs, ce n’est pas grand-chose. Dès l’instant que vous vivez, il n’y a pas eu fracture. Cela se réduit donc à des spasmes du larynx dont nous viendrons à bout avec un tubage.

Il donna des ordres à son aide. On introduisit dans le gosier du malade un long tube en aluminium qu’il garda durant une demi-heure. Le docteur, qui s’était absenté pendant ce temps, revint, et, ayant enlevé le tube, examina le malade, qui commençait déjà à respirer assez facilement.