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core et assurer son propre salut. Il contourna le pavillon, chercha ses lunettes jaunes et les mit, descendit le jardin, ouvrit et referma la porte. Puis, par la ruelle, il gagna le quai.

Nouvelle station, cette fois, devant le parapet qui dominait le chantier Berthou. Il semblait hésiter sur le parti à prendre. Mais la vue des gens qui passaient, charretiers, maraîchers, etc., coupa court à son indécision. Il héla une automobile et se fit conduire rue Guimard, chez le concierge Vacherot.

Il trouva son ami sur le seuil de la loge et fut accueilli aussitôt avec un empressement et une émotion qui montraient l’affection du bonhomme.

— Ah ! c’est vous, monsieur Siméon ? s’écria le concierge. Mais, mon Dieu ! dans quel état !

— Tais-toi, ne prononce pas mon nom, murmura Siméon en entrant dans la loge. Personne ne m’a vu ?

— Personne. Il n’est que sept heures et demie et la maison s’éveille à peine. Mais, Seigneur ! qu’est-ce qu’ils vous ont fait, les misérables ? Vous avez l’air d’étouffer. Vous avez été victime d’une agression.

— Oui, ce nègre qui me suivait…

— Mais les autres ?

— Quels autres ?

— Ceux qui sont venus ?… Patrice ?

— Hein ! Patrice est venu ? fit Siméon, toujours à voix basse.

— Oui, il est arrivé ici cette nuit, après vous, avec un de ses amis.

— Et tu lui as dit ?…

— Qu’il était votre fils ?… Évidemment, il a bien fallu…

— C’est donc cela, marmotta le vieillard… C’est donc cela qu’il n’a pas semblé surpris de ma révélation.