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placable avec Ya-Bon, et referma les yeux. Mais Patrice, qui redoublait de rage, lui cria :

— Écoutez… pas d’hésitation !… Il faut répondre… C’est votre vie qui est en jeu.

Les yeux de l’homme se rouvrirent, des yeux striés de sang et bordés de rouge. Il esquissa vers sa gorge un geste qui signifiait combien il lui était difficile de parler. Enfin, avec des efforts visibles, il redit :

— Patrice, c’est toi ?… Il y a si longtemps que j’attendais ce moment !… Et c’est aujourd’hui, comme deux ennemis, que nous…

— Comme deux ennemis mortels, scanda Patrice. La mort est entre nous… la mort de Ya-Bon… La mort de Coralie peut-être… Où est-elle ? Il faut parler… Sinon…

L’homme répéta tout bas :

— Patrice… C’est donc toi ?

Ce tutoiement exaspérait l’officier. Il saisit son adversaire par le revers du veston et le brutalisa.

Mais Siméon avait vu le portefeuille que Patrice tenait dans son autre main, et, sans opposer de résistance aux brusqueries de Patrice, il articula :

— Tu ne me feras pas de mal, Patrice… Tu as dû trouver des lettres, et tu sais le lien qui nous attache l’un à l’autre… Ah ! j’aurais été si heureux !…

Patrice l’avait lâché et l’observait avec horreur. Tout bas, à son tour, il dit :

— Je vous défends de parler de cela… C’est là une chose impossible.

— C’est une vérité, Patrice.

— Tu mens ! tu mens ! s’écria l’officier,