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Il ferma les yeux du Sénégalais. Il s’agenouilla près de lui, baisa le front sanglant, et parla tout bas à l’oreille du mort, lui promettant tout ce qui est doux aux âmes simples et fidèles, le souvenir, la vengeance…

Enfin, avec l’aide de Patrice, il transporta le cadavre dans la petite chambre qui flanquait la grande salle.

— Ce soir, mon capitaine, dit-il, quand le drame sera fini, on préviendra la police. Pour l’instant, il s’agit de le venger, lui et les autres.

Il se mit alors à faire une inspection minutieuse sur le terrain de la lutte, puis il revint vers Ya-Bon, et ensuite vers Siméon, dont il examina les vêtements et les chaussures.

Patrice Belval était là, en face de son effroyable ennemi, qu’il avait assis contre le mur du pavillon et qu’il regardait en silence, d’un regard fixe et chargé de haine. Siméon ! Siméon Diodokis ! le démon exécrable qui, l’avant-veille, avait ourdi le terrible complot, et qui, penché sur la lucarne, contemplait en riant leur agonie affreuse ! Siméon Diodokis qui, comme une bête fauve, avait caché Coralie au fond de quelque trou, pour revenir la torturer à son aise !

Il paraissait souffrir et ne respirer qu’avec beaucoup de difficulté, le larynx froissé sans doute par la poigne implacable de Ya-Bon. Pendant le combat, ses lunettes jaunes étaient tombées. D’épais sourcils grisonnants surplombaient ses lourdes paupières.