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rejoignit Patrice, celui-ci lui montra, sur le trottoir qui bordait le jardin du pavillon, tout en bas, une échelle couchée, et don Luis reconnut l’échelle dont il avait constaté l’absence dans le réduit du chantier. Aussitôt, avec cette spontanéité de vision qui était une de ses forces, il expliqua :

— Siméon ayant la clef du jardin, il est évident que c’est Ya-Bon qui s’est servi de cette échelle pour y pénétrer. Donc il avait vu Siméon y chercher un refuge au retour de sa visite à l’ami Vacherot, et après être venu reprendre maman Coralie. Maintenant Siméon a-t-il pu reprendre maman Coralie ou bien a-t-il pu s’enfuir encore avant de la reprendre ? Je l’ignore. Mais, en tout cas…

Courbé en deux, il regardait le trottoir et continuait :

— Mais en tout cas, ce qui devient une certitude, c’est que Ya-Bon connaît la cachette où les sacs d’or sont accumulés, et que c’est la cachette tout probablement où Coralie se trouvait et où peut-être, hélas ! elle se trouve encore, si l’ennemi, pensant d’abord à sa sécurité personnelle, n’a pas eu le temps de l’en retirer.

— Vous êtes sûr ?

— Mon capitaine, Ya-Bon porte toujours sur lui un morceau de craie. Comme il ne sait pas écrire — sauf les lettres de mon nom — il a tracé ces deux lignes droites qui, avec la ligne du mur, soulignée par lui, d’ailleurs, forment un triangle. Le triangle d’or.

Don Luis se releva.

— L’indication est un peu succincte. Mais Ya-Bon me croit sorcier. Il n’a pas douté