s’il lui était possible de respirer, à la malheureuse.
— C’est à peine s’il lui était possible de respirer… répéta Patrice sourdement. Ainsi Coralie agonise… Coralie…
Il sortit de la loge comme un homme ivre, en s’accrochant à don Luis :
— Elle est perdue, n’est-ce pas ? dit-il.
— Mais nullement, fit don Luis. Siméon est, comme vous, dans la fièvre de l’action. Il touche au dénouement. Il tremble de frayeur et il n’a pas mesuré ses paroles. Croyez-moi, maman Coralie n’est pas en danger immédiat. Nous avons quelques heures devant nous.
— Vous êtes sûr ?
— Absolument.
— Mais Ya-Bon…
— Eh bien ?…
— Si Ya-Bon a mis la main sur lui.
— J’ai donné l’ordre à Ya-Bon de ne pas le tuer. Donc, quoi qu’il arrive, Siméon est vivant. C’est l’essentiel, Siméon vivant, il n’y a rien à craindre. Il ne laissera pas périr maman Coralie.
— Pourquoi, puisqu’il la hait ? Pourquoi ? Qu’y a-t-il donc au fond de cet homme ? Toute son existence, il la consacre à une œuvre d’amour envers nous, et, d’une minute à l’autre, cet amour devient de l’exécration.
Soudain, il pressa le bras de don Luis et prononça d’une voix défaillante :
— Croyez-vous qu’il soit mon père ?
— Écoutez… on ne peut nier que certaines coïncidences…
— Je vous en prie, interrompit l’officier… pas de détours… Une réponse nette. Votre opinion, en deux mots.
Don Luis répliqua :
— Siméon Diodokis est votre père, mon capitaine.
— Ah ! taisez-vous, taisez-vous ! C’est