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fracas d’explosions régulières. Elle était épaisse, ventrue, lourde, et assez profondément enfoncée, bien qu’elle ne semblât porter aucune cargaison.

Patrice vit deux mariniers, assis, et qui fumaient distraitement. Amarrée derrière, une barque flottait.

La péniche s’éloigna et atteignit le tournant.

Patrice attendit encore une heure avant que don Luis fût de retour. Il lui dit aussitôt :

— Eh bien, la Belle-Hélène ?

— À deux kilomètres d’ici, ils ont détaché leur barque et sont venus chercher Siméon.

— Alors il est parti avec eux ?

— Oui.

— Sans se douter de rien ?

— Vous m’en demandez un peu trop, mon capitaine.

— N’importe ! la victoire est gagnée. Avec l’auto, nous allons les rattraper, les dépasser, et, à Vernon, par exemple, prévenir les autorités, militaires et autres, afin qu’elles procèdent à l’arrestation, à la saisie…

— Nous ne préviendrons personne, mon capitaine. Nous procéderons nous-mêmes à ces petites opérations.

— Comment ? Mais…

Les deux hommes se regardèrent. Patrice n’avait pu dissimuler la pensée qui s’était présentée à son esprit.

Don Luis ne se fâcha pas.