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Puis ils s’entretinrent un moment, semblèrent s’orienter, passèrent devant le café et, un peu plus loin, s’arrêtèrent.

Là, Siméon écrivit quelques mots sur une feuille de papier qu’il donna à sa compagne. Celle-ci le quitta et rentra en ville. Siméon continua de suivre le cours du fleuve.

— Vous allez rester, mon capitaine, fit don Luis.

— Pourtant, protesta Patrice, l’ennemi ne semble pas sur ses gardes. Il ne se retourne pas.

— Il vaut mieux être prudent, mon capitaine. Mais quel dommage que nous ne puissions pas prendre connaissance du papier que Siméon a écrit.

— Et si je rejoignais…

— Si vous rejoigniez la dame ? Non, non, mon capitaine. Sans vous offenser, vous n’êtes pas de force. C’est tout juste si moi-même…

Il s’éloigna.

Patrice attendit. Quelques barques montaient ou descendaient la rivière. Machinalement, il regardait leurs noms. Et, tout à coup, une demi-heure après l’instant où don Luis l’avait quitté, il entendit la cadence très nette, le martèlement rythmé d’un de ces forts moteurs que l’on a, depuis quelques années, adaptés à certaines péniches.

De fait, une péniche débouchait au détour de la rivière. Quand elle passa devant lui, il lut distinctement, et avec quelle émotion : Belle-Hélène !

Elle glissait assez rapidement, dans un