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eût plus facilement attiré l’attention, se rendait au Grand-Hôtel.

Il s’éveilla tard, le lendemain. Un coup de téléphone de don Luis annonça que Siméon, après avoir passé à la poste, était allé au bord de la Seine, puis à la gare, d’où il avait ramené une dame, assez élégante, dont une voilette épaisse cachait le visage. Tous deux déjeunaient dans la chambre du troisième étage.

À quatre heures, nouveau coup de téléphone. Don Luis priait le capitaine de le rejoindre sans retard dans un petit café situé au sortir de la ville, en face du fleuve. Là, Patrice put voir Siméon qui se promenait sur le quai.

Il se promenait les mains au dos, de l’air d’un homme qui flâne et qui n’a point de but précis.

— Cache-nez, lunettes, toujours le même accoutrement, toujours la même allure, dit Patrice.

Et il ajouta :

— Regardez-le bien, il affecte l’insouciance, mais on devine que ses yeux se portent en amont du fleuve, vers le côté par où la Belle-Hélène doit arriver.

— Oui, oui, murmura don Luis. Tenez, voici la dame.

— Ah ! c’est celle-là ? fit Patrice. Je l’ai rencontrée déjà deux ou trois fois dans la rue.

Un manteau de gabardine dessinait sa taille et ses épaules qui étaient larges et un peu fortes. Autour de son feutre à grands bords, un voile tombait. Elle tendit à Siméon le papier bleu d’un télégramme qu’il lut aussitôt.