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— C’était ce matin ?

— Non, cet après-midi, à une heure trois quarts.

Patrice tira sa montre.

— Et il en est quatre. Donc, en deux heures…

— Même pas, il y a une heure que je suis ici.

— Vous avez interrogé Ya-Bon ?

— Si vous croyez que j’ai perdu mon temps ! Ya-Bon m’a simplement répondu que vous n’étiez pas là, ce qui commençait à l’étonner.

— Alors ?

— J’ai cherché où vous étiez.

— Comment ?

— J’ai d’abord fouillé votre chambre, et, en fouillant votre chambre, comme je sais le faire, j’ai fini par découvrir qu’il y avait une fente au fond de votre bureau à cylindre, et que cette fente s’ouvrait en regard d’une autre fente pratiquée dans le mur de la pièce voisine. J’ai donc pu attirer le registre sur lequel vous teniez votre journal et prendre connaissance des événements. C’est ainsi, d’ailleurs, que Siméon était au courant de vos moindres intentions. C’est ainsi qu’il a su votre projet de venir ici, en pèlerinage, le 14 avril. C’est ainsi que, la nuit dernière, vous voyant écrire, il a préféré, avant de vous attaquer, savoir ce que vous écriviez. Le sachant, et apprenant, par vous-même, que vous étiez sur vos gardes, il s’est abstenu. Vous voyez combien tout cela est facile. M. Desmalions, inquiet de votre absence, aurait tout aussi bien réussi, mais il aurait réussi… demain.