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arrêtée sur le quai, en face d’un mur auprès duquel il n’y a point d’habitation ?

— Et alors, selon vous, qui serait-ce ?

— Parbleu ! le vieux Siméon.

— Siméon ?

— Certes. Il se rend compte si décidément je vous ai sauvés tous les deux.

— Il n’est donc pas fou ?

— Fou, lui ? Pas plus que vous et moi.

— Cependant…

— Cependant, vous voulez dire que Siméon vous protégeait, que son but était de vous réunir tous les deux, qu’il vous a envoyé la clef du jardin, etc.

— Vous savez tout cela ?

— Il le faut bien. Sans quoi, comment vous aurais-je secourus ?

— Mais, dit Patrice avec anxiété, si ce bandit revient à la charge, ne devons-nous pas prendre certaines précautions ? Retournons au pavillon. Coralie est seule.

— Aucun danger.

— Pourquoi ?

— Je suis là.

La stupeur de Patrice augmentait. Il demanda :

— Siméon vous connaît donc ? Il sait donc que vous êtes ici ?

— Oui, par une lettre que je vous ai écrite sous le couvert de Ya-Bon et qu’il a interceptée. J’annonçais mon arrivée et il s’est hâté d’agir. Seulement, suivant mon habitude en ces occasions, j’ai avancé mon arrivée de quelques heures, de sorte que je l’ai surpris en pleine action.

— À ce moment, vous ignoriez que ce fût lui l’ennemi… vous ne saviez rien…

— Rien du tout…