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— Oh ! l’horreur ! Cet homme… Cet homme… Toi, ma Coralie, si pure… si fraîche…

Cet homme, ni elle ni lui ne se le représentaient sous l’image très précise de Siméon. L’ennemi gardait, même pour eux, malgré l’affreuse vision apparue là-haut, un caractère mystérieux. C’était peut-être Siméon. C’était un autre, peut-être, dont il n’était que l’instrument. En tout cas, c’était l’ennemi, le génie malfaisant accroupi au-dessus de leurs têtes, qui préparait leur agonie, et dont le désir infâme poursuivait la jeune femme.

Patrice demanda seulement :

— Tu ne t’es jamais aperçue que Siméon te recherchait ?…

— Jamais… Jamais… Il ne me recherchait pas… Peut-être même m’évitait-il…

— C’est qu’il est fou alors…

— Il n’est pas fou… je ne crois pas… Il se venge.

— Impossible. Il était l’ami de mon père. Toute sa vie, il a travaillé pour nous réunir, et maintenant, il nous tuerait volontairement ?

— Je ne sais pas, Patrice, je ne comprends pas…

Ils ne parlèrent plus de Siméon. Cela n’avait point d’importance que la mort leur vînt de celui-ci ou de celui-là. C’était contre elle qu’il fallait combattre, sans se soucier de ce qui la dirigeait. Or, que pouvaient-ils contre elle ?

— Tu acceptes, n’est-ce pas, Patrice ? fit Coralie à voix basse.

Il ne répondit pas. Elle reprit :

— Je ne partirai pas, mais je veux que tu sois d’accord avec moi. Je t’en supplie.