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vingt ans auparavant par Essarès, et qui servait comme autrefois à la même œuvre de tentation et de menace.

« Que Coralie monte seule. Elle aura la vie sauve. Je lui donne dix minutes pour accepter. Sinon… »



XIII.

Les clous du cercueil

« Sinon… » Ce mot, Patrice le répéta machinalement, à diverses reprises, tandis que la signification redoutable leur en apparaissait à tous deux. Sinon… cela voulait dire que si Coralie n’obéissait pas et ne se livrait pas à l’ennemi, si elle ne s’enfuyait pas de la prison pour suivre celui qui tenait les clefs de la prison, c’était la mort.

En cet instant, ils ne songeaient plus ni l’un ni l’autre au genre de mort qui leur était réservé, ni même à cette mort.

Ils ne songeaient qu’à l’ordre de séparation que l’ennemi leur adressait. L’un devait partir et l’autre mourir. La vie était promise à Coralie, si elle sacrifiait Patrice. Mais à quel prix, cette promesse ? et par quoi se payerait le sacrifice imposé ?

Il y eut entre les deux jeunes gens un long silence plein d’incertitude et d’angoisse. Maintenant quelque chose se précisait, et le drame ne se passait plus absolument en dehors d’eux et sans qu’ils y participassent autrement que comme victimes impuissantes. Il se passait en eux et ils avaient la faculté d’en changer le dénouement. Problème terrible ! Déjà il avait été posé à la Coralie d’autrefois, et elle l’avait résolu dans le sens de l’amour, puisqu’elle était morte…

Il se posait de nouveau.

Patrice lut sur l’inscription, et les mots, tracés rapidement, devenaient moins distincts. Patrice lut :