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raisons obscures, peut-être parce qu’il voulait mener seul et jusqu’au bout cette partie de l’affaire, peut-être aussi par une sorte de pudeur qui l’empêchait d’initier M. Desmalions à tous les secrets du passé. Il garda donc le silence à ce propos et dit :

— Alors, cette lettre ?

— Ma foi, je ne sais que penser. Est-ce un avertissement justifié ? ou bien un stratagème pour nous imposer une conduite plutôt qu’une autre ? J’en causerai avec Bournef.

— Toujours rien de spécial de ce côté ?

— Non, et je n’attends rien de plus. L’alibi qu’il m’a fourni est réel. Ses amis et lui ne sont que des comparses dont le rôle est terminé.

De cette conversation, Patrice ne retint qu’une chose : la coïncidence des dates.

Les deux directions que M. Desmalions et lui suivaient dans cette affaire se rejoignaient tout à coup en cette date depuis si longtemps marquée par le sort. Le passé et le présent allaient se réunir. Le dénouement approchait. C’était le jour même du 14 avril que l’or devait disparaître à jamais, et qu’une voix inconnue convoquait Patrice et Coralie au même rendez-vous que leurs parents avaient pris vingt ans auparavant.

Et le lendemain, ce fut le 14 avril.

Dès neuf heures, Patrice demandait des nouvelles du vieux Siméon.

— Sorti, mon capitaine, lui répondit-on. Vous aviez levé la consigne.

Patrice entra dans la chambre et chercha la couronne. Elle n’y était plus. Mais les trois objets du placard, l’échelle de corde, le rouleau de plomb et la lampe à souder n’y étaient plus non plus. Il interrogea :

— Siméon n’a rien emporté ?