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c’est demain, le 14 avril, l’anniversaire sacré…

Il se pencha vers l’être incompréhensible en qui venaient se rencontrer, comme des chemins qui aboutissent à un carrefour, toutes les intrigues bonnes ou mauvaises, favorables ou perfides, dont se composait l’inextricable drame. Siméon crut qu’on voulait lui prendre sa couronne, et la serra fortement contre lui, d’un geste farouche.

— N’aie pas peur, dit Patrice, je te la laisse. À demain, Siméon, à demain. Coralie et moi, nous serons exacts au rendez-vous que tu nous as donné. Et demain peut-être le souvenir de l’horrible passé délivrera ton cerveau.

La journée parut longue à Patrice. Il avait tellement hâte d’arriver à quelque chose qui fût comme une lueur dans les ténèbres ! Et cette lueur n’allait-elle pas justement jaillir des circonstances que ferait naître ce vingtième anniversaire du 14 avril ?

Vers la fin de l’après-midi, M. Desmalions passa rue Raynouard et dit à Patrice :

— Tenez, voici ce que j’ai reçu, c’est assez curieux… une lettre anonyme à écriture déguisée… Écoutez cela : « Monsieur, vous êtes prévenu que l’or va s’en aller. Faites attention. Demain soir les dix-huit cents sacs auront pris le chemin de l’étranger. — Un ami de la France. »

— Et c’est demain le 14 avril, dit Patrice, qui fit aussitôt le rapprochement.

— Oui. Pourquoi cette remarque ?

— Oh ! rien… une idée…

Il fut près de raconter à M. Desmalions tous les faits qui se rapportaient à cette date du 14 avril, et tous ceux qui concernaient l’étrange personnalité du vieux Siméon. S’il ne parla pas, ce fut pour des