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desservie par un escalier plus petit et communiquait par la cuisine avec un office où se trouvait la porte de service sur la rue Raynouard.

Cette porte, Patrice la trouva fermée à clef. Mais quelqu’un pouvait avoir cette clef.

Le soir, Patrice passa un moment au chevet de Coralie, puis, à neuf heures, se retira dans sa chambre, laquelle était située un peu plus loin, et sur le même côté. C’était auparavant une pièce qu’Essarès bey se réservait comme fumoir.

Comme il n’attendait pas l’attaque, dont il espérait de si bons résultats, avant le milieu de la nuit, Patrice s’assit devant un bureau-cylindre placé contre le mur, et en sortit le registre sur lequel il avait commencé le journal détaillé des événements.

Durant trente à quarante minutes, il écrivit, et il était près de fermer ce registre lorsqu’il crut entendre comme un frôlement confus, qu’il n’eût certes pas perçu si ses nerfs n’avaient été tendus au plus haut point. Cela venait de la fenêtre, du dehors. Et il se rappela le jour où l’on avait déjà tiré sur Coralie et sur lui. Cependant la fenêtre n’était pas entr’ouverte ni même entrebâillée.

Il continua donc d’écrire sans tourner la tête et sans que rien pût laisser croire que son attention eût été mise en éveil, et il inscrivait, pour ainsi dire à son insu, les phrases mêmes de son anxiété.

« Il est là, il me regarde. Que va-t-il faire ? Je ne pense pas qu’il brise une vitre et qu’il m’envoie une balle. Le procédé est incertain et ne lui a pas réussi. Non, son plan doit être établi de façon