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— Et le vieux Siméon, mon capitaine ?

— Qu’on l’enferme dans sa chambre. Comme fou, il est dangereux. On a pu profiter de sa démence, se faire ouvrir par lui. Qu’on l’enferme !

Le plan de Patrice était simple. Comme l’ennemi, croyant Coralie sur le point de mourir, avait dévoilé à la jeune femme son but, qui était de le tuer, lui aussi, Patrice, il fallait que l’ennemi se crût libre d’agir, sans que personne soupçonnât ses projets et fût en garde contre lui. L’ennemi viendrait. Il engagerait la lutte et serait pris au piège.

En attendant cette lutte, qu’il appelait de tous ses vœux, Patrice fit soigner Ya-Bon, dont la blessure en effet n’avait aucun caractère de gravité, et il l’interrogea, ainsi que maman Coralie.

Leurs réponses furent identiques. La jeune femme raconta que, étendue, un peu lasse, elle lisait, et que Ya-Bon demeurait dans le couloir devant la porte ouverte, accroupi à la mode arabe. Ni l’un ni l’autre ils n’entendirent rien de suspect. Et soudain, Ya-Bon vit une ombre s’interposer entre lui et la lumière du couloir. Cette lumière, qui provenait d’une ampoule électrique, fut éteinte pour ainsi dire en même temps que l’ampoule qui éclairait la chambre. Ya-Bon, à moitié dressé déjà, reçut un coup violent à la nuque et perdit connaissance. Coralie essaya de s’enfuir par la porte de son boudoir, ne put l’ouvrir, se mit à crier, et aussitôt fut saisie et renversée. Tout cela en l’espace de quelques secondes.

La seule indication que Patrice put obtenir, c’est que l’homme venait non de l’escalier, mais du côté de l’aile que l’on nommait l’aile des domestiques. Cette aile était