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maine, ici, de quatre à cinq heures… une seule personne, Essarès bey… et lui-même il y venait souvent pour conférer avec nous, Essarès est mort. Qui donc nous a dénoncés ?

— Le vieux Siméon.

— Comment ! Siméon ! Siméon Diodokis !

— Siméon Diodokis, le secrétaire d’Essarès bey.

— Lui ! Ah ! le gredin, il me le paiera… Mais non, c’est impossible !

— Pourquoi dites-vous que c’est impossible ?

— Pourquoi ? Mais parce que…

Il réfléchit assez longtemps, sans doute pour être bien sûr qu’il n’y avait pas d’inconvénient à parler. Puis il acheva sa phrase :

— Parce que le vieux Siméon était d’accord avec nous.

— Qu’est-ce que vous dites ? s’écria Patrice fort surpris à son tour.

— Je dis et j’affirme que Siméon Diodokis était d’accord avec nous. C’était notre homme. C’est lui qui nous tenait au courant des manœuvres équivoques d’Essarès bey. C’est lui qui, par un coup de téléphone, donné à neuf heures du soir, nous a prévenus qu’Essarès avait allumé le fourneau des anciennes serres et que le signal des étincelles allait fonctionner. C’est lui qui nous a ouvert la porte en affectant, bien entendu, la résistance et tout en se laissant attacher dans la loge du concierge. C’est lui, enfin, qui avait congédié et payé les domestiques.

— Mais le colonel Fakhi ne s’est pas adressé à lui comme à un complice…

— Comédie pour donner le change à Essarès. Comédie d’un bout à l’autre !