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teurs étaient assis. Trois tournaient le dos. Patrice vit le seul qui fût de face et reconnut Bournef.

À ce moment, le vieux Siméon s’éloignait déjà, comme un homme qui a terminé son rôle et qui laisse à d’autres le soin d’en finir. Patrice chercha des yeux, aperçut un bureau de poste et y entra vivement. Il savait que M. Desmalions se trouvait rue Raynouard. Par téléphone, il lui annonça la présence de Bournef. M. Desmalions répondit qu’il arrivait aussitôt.

Depuis l’assassinat d’Essarès bey, l’enquête de M. Desmalions n’avait pas avancé en ce qui concernait les quatre complices du colonel Fakhi. On découvrit bien la retraite du sieur Grégoire, et les chambres aux placards, mais tout cela était vide. Les complices avaient disparu.

— Le vieux Siméon, se dit Patrice, était au courant de leurs habitudes. Il devait savoir que, tel jour de la semaine, à telle heure, ils se réunissaient dans ce café, et il s’est souvenu, tout à coup, à l’évocation du nom de Bournef.

Quelques minutes plus tard, M. Desmalions descendait d’automobile avec ses agents. L’affaire ne traîna pas. La terrasse fut cernée. Les complices n’opposèrent pas de résistance. M. Desmalions en expédia trois, sous bonne garde, au Dépôt et poussa Bournef dans une salle particulière.

— Venez, dit-il à Patrice. Nous allons l’interroger.

Patrice objecta :

Mme Essarès est seule là-bas…

— Seule, non. Il y a tous vos hommes.

— Oui, mais j’aime mieux y être. C’est la première fois que je la quitte, et toutes les craintes sont permises.