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très haut le séparaient. Cette entrée était comme barricadée de planches et de poutres clouées les unes aux autres.

Ils contournèrent la maison et furent surpris par le spectacle qui les attendait sur le côté droit. C’était une espèce de cloître de verdure, rectangulaire, soigneusement entretenu, avec des arcades régulières, taillées dans des haies de buis et d’ifs. Un jardin en miniature était dessiné en cet espace où semblaient s’accumuler le silence et la paix. Là aussi il y avait des ravenelles fleuries, et des pensées, et des mères-de-famille. Et quatre sentiers qui venaient des quatre coins du cloître aboutissaient à un rond-point central, où se dressaient les cinq colonnes d’un petit temple ouvert, construit grossièrement avec des cailloux et des moellons en équilibre.

Sous le dôme de ce petit temple, une pierre tombale.

Devant cette pierre tombale, un vieux prie-Dieu en bois, aux barreaux duquel étaient suspendus, à gauche, un christ d’ivoire, à droite, un chapelet composé de grains en améthyste et en filigrane d’or.

— Coralie, Coralie, murmura Patrice, la voix tremblante d’émotion… qui donc est enterré là ?

Ils s’approchèrent.

Des couronnes de perles étaient alignées sur la pierre tombale. Ils en comptèrent dix-neuf qui portaient les dix-neuf millésimes des dix-neuf dernières années. Les ayant écartées, ils lurent cette inscription en lettres d’or usées et salies par la pluie.


Ici reposent

PATRICE ET CORALIE
tous deux assassinés
le 14 avril 1895

Ils seront vengés