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— Oui, tu le connais comme on connaît quelqu’un dont on a lu l’histoire.

— Non, protesta Ya-Bon.

— Tu le connais personnellement ?

— Oui.

— Idiot, va ! Arsène Lupin est mort. Il s’est jeté dans la mer du haut d’un rocher, et voilà que tu prétends le connaître ?

— Oui.

— Tu as donc eu l’occasion de le rencontrer depuis sa mort ?

— Oui.

— Fichtre ! Et le pouvoir de monsieur Ya-Bon sur Arsène Lupin est assez grand pour qu’Arsène Lupin ressuscite et se dérange sur un signe de monsieur Ya-Bon ?

— Oui.

— Bigre ! Tu m’inspirais déjà une haute considération, mais maintenant je n’ai plus qu’à m’incliner. Ami de feu Arsène Lupin, rien que ça de chic ! Et combien de temps te faut-il pour mettre cette ombre à notre disposition ? Six mois ? Trois mois ? Un mois ? Quinze jours ?

Ya-Bon fit un geste.

— Environ quinze jours, traduisit le capitaine Belval. Eh bien, évoque l’esprit de ton ami, je serai enchanté d’entrer en rapports avec lui. Seulement, vrai, il faut que tu aies de moi une idée bien médiocre pour t’imaginer que j’aie besoin d’un collaborateur. Alors quoi, tu me prends pour un imbécile, pour un incapable ?



IX.

Patrice et Coralie

Tout se passa comme l’avait prédit M. Desmalions. La presse ne parla pas. Le public ne s’émut point. Accidents et faits divers furent accueillis avec indifférence. L’enterrement du richissime banquier Essarès bey passa inaperçu.