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fait, maman Coralie. Et maintenant que vous en savez autant que moi, qu’en pensez-vous ?

Elle lui tendit la main.

— Je pense que vous m’avez sauvée d’un péril que j’ignore, mais qui semble redoutable, et je vous en remercie.

— Ah ! non, dit-il, je n’accepte pas le remerciement. C’est une telle joie pour moi d’avoir réussi ! Non, ce que je vous demande, c’est votre opinion sur l’affaire elle-même.

Elle n’hésita pas une seconde et répondit nettement :

— Je n’en ai pas. Aucun mot, aucun incident, parmi tout ce que vous me racontez, n’éveille en moi la moindre idée qui puisse nous renseigner.

— Vous ne vous connaissez pas d’ennemis ?

— Personnellement, non.

— Et cet homme à qui vos deux agresseurs devaient vous livrer, et qui prétend que vous lui êtes connue ?

Elle rougit un peu et déclara :

— Toute femme, n’est-ce pas ? a rencontré dans sa vie des hommes qui la poursuivent plus ou moins ouvertement. Je ne saurais dire de qui il s’agit.

Le capitaine garda le silence assez longtemps, puis repartit :

— En fin de compte, nous ne pouvons espérer quelque éclaircissement que par l’interrogatoire de notre prisonnier. S’il se refuse à nous répondre, tant pis pour lui… je le confie à la police, qui, elle, saura débrouiller l’affaire.

La jeune femme tressaillit.