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Patrice, aussi vieille, aussi rouillée. L’agresseur s’en était débarrassé au cours de sa fuite.

Il était sept heures du soir lorsque Patrice, en compagnie de Ya-Bon, quitta l’hôtel de la rue Raynouard et reprit le chemin de Neuilly.

Selon son habitude, Patrice saisit le bras du Sénégalais et, s’appuyant sur lui pour marcher, il lui dit :

— Je devine ton idée, Ya-Bon.

Ya-Bon grogna.

— C’est bien cela, approuva le capitaine Belval ; nous sommes entièrement d’accord sur tous les points. Ce qui te frappe principalement, n’est-ce pas, c’est l’incapacité totale de la police en cette occurrence ? Un tas de nullités, diras-tu ? En parlant ainsi, monsieur Ya-Bon, tu dis une bêtise et une insolence qui ne m’étonnent pas de toi et qui pourraient t’attirer de ma part la correction que tu mérites. Mais passons. Donc, quoi que tu en dises, la police fait ce qu’elle peut, sans compter qu’en temps de guerre elle a autre chose à faire qu’à s’occuper des relations mystérieuses qui existent entre Mme Essarès et le capitaine Belval. C’est donc moi qui devrai agir, et je n’ai guère à compter que sur moi. Eh bien, je me demande si je suis de taille à lutter contre de tels adversaires. Quand je pense qu’en voici un qui a le culot de revenir dans l’hôtel que la police surveillait, de dresser une échelle, d’écouter sans doute ma conversation avec M. Desmalions, puis les paroles que j’ai dites à maman Coralie, et, en fin de compte, de nous envoyer deux balles de revolver ! Hein, qu’en dis-tu ? suis-je de force ? et toute la police française elle-même, déjà surmenée, m’offrira-t-elle le secours indispensable ? Non, ce