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Nous ne devons pas négliger les menaces si précises de son mari.

— Il est mort.

— N’importe, la menace demeure. Le vieux Siméon vous le dit d’une façon saisissante.

— Il est à moitié fou.

— Précisément, son cerveau garde l’impression du danger le plus pressant. Non, monsieur, la lutte n’est pas terminée. Peut-être même ne fait-elle que commencer.

— Eh bien, mon capitaine, ne sommes-nous pas là ? Protégez et défendez Mme Essarès par tous les moyens qui sont en votre pouvoir et par tous ceux que je mets à votre disposition. Notre collaboration sera constante, puisque ma tâche est ici, et que, s’il y a la bataille que vous attendez et dont je doute, elle aura lieu dans l’enceinte de cette maison et de ce jardin.

— Qui vous fait supposer ?…

— Certaines paroles entendues hier soir par Mme Essarès. Le colonel Fakhi a répété plusieurs fois : « L’or est ici, Essarès. » Et il ajoutait : « Depuis des années, chaque semaine, ton automobile apportait ici ce qu’il y avait à ta banque de la rue Lafayette. Siméon, le chauffeur et toi, vous faisiez glisser les sacs par le dernier soupirail à gauche. De là, comment l’expédiais-tu ? Je l’ignore. Mais ce qui était ici au moment de la guerre, les sept ou huit cents sacs qu’on attendait là-bas, rien n’est sorti de chez moi. Je me doutais du coup et, nuit et jour, nous avons veillé. L’or est ici. »

— Et vous n’avez aucun indice ?

— Aucun. Ceci tout au plus, bien que je n’y attache qu’une valeur relative.

Il tira de sa poche un papier froissé, qu’il déplia, et reprit :

— Avec le médaillon il y avait, dans la