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dégage, quand on l’allume, des flammèches et des étincelles qui se voient de loin et qui servaient d’avertissement. Essarès bey l’a allumée hier soir lui-même. Aussitôt, les complices, effrayés et résolus à tout, sont venus.

— Et le plan d’Essarès bey a échoué ?

— Oui. Celui des complices aussi d’ailleurs. Le colonel est mort. Les autres n’ont pu récolter que quelques liasses qui ont dû leur être reprises. Mais la lutte n’était pas finie, et les soubresauts les plus tragiques en ont accompagné ce matin le dénouement. Selon vos affirmations, un homme qui vous connaissait et qui cherchait à se mettre en rapport avec vous a été tué à sept heures dix-neuf, et, vraisemblablement, par Essarès bey, qui redoutait son intervention. Et quelques heures plus tard, à midi vingt-trois, Essarès bey lui-même était assassiné, probablement par l’un de ses complices. Voici toute l’affaire, mon capitaine. Et maintenant que vous en savez autant que moi, ne pensez-vous pas que l’instruction de cette affaire doit demeurer secrète et se poursuivre un peu en dehors des règles ordinaires ?

Après un instant de réflexion, Patrice répondit :

— Oui, je le crois.

— Eh ! oui, s’écria M. Desmalions. Outre qu’il est inutile de proclamer cette histoire d’or disparu et d’or introuvable qui alarmerait les imaginations, vous pensez bien qu’une opération qui a consisté à drainer pendant deux ans une pareille masse d’or n’a pas pu s’effectuer sans des compromissions fort regrettables. Mon enquête personnelle va me révéler, j’en suis sûr, du côté de certaines banques plus ou moins importantes et de certains établissements de crédit, une suite de défaillances et de marchandages sur lesquels je ne veux pas