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»  D’après certains documents, il a réussi de la sorte, en deux ans, à expédier sept cents millions. Un dernier envoi se préparait lorsque la guerre a été déclarée. Vous comprenez bien que des sommes aussi importantes ne pouvaient plus, dès lors, s’escamoter aussi facilement qu’en temps de paix. Aux frontières, les wagons sont visités. Dans les ports, les navires en partance sont fouillés. Bref, l’expédition n’eut pas lieu. Les deux cent cinquante à trois cents millions d’or demeurèrent en France. Dix mois se passèrent. Et il arriva ceci, qui était inévitable, c’est qu’Essarès bey, ayant ce trésor fabuleux à sa disposition, s’y attacha, le considéra peu à peu comme à lui, et, à la fin, résolut de se l’approprier. Seulement, il y avait les complices… »

— Ceux que j’ai vus cette nuit ?

— Oui, une demi-douzaine de Levantins équivoques, faux naturalisés, Bulgares plus ou moins déguisés, agents personnels des petites cours allemandes de là-bas. Tout cela, auparavant, tenait en province des succursales de la banque Essarès. Tout cela soudoyait, pour le compte d’Essarès, des centaines de sous-agents qui écumaient les villages, faisaient les foires, buvaient avec