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M. Desmalions observa Coralie, qui fit un signe de tête. Il répondit :

— Oui, Mme Essarès m’a mis au courant, et même…

Il hésita de nouveau et, de nouveau, consulta la jeune femme, qui rougit et perdit contenance.

Pourtant, M. Desmalions attendait une réponse qui lui permît d’aller plus avant. Elle finit par déclarer à voix basse :

— Le capitaine Belval doit connaître ce que nous avons découvert à ce propos. Cette vérité lui appartient comme à moi, et je n’ai pas le droit de la lui cacher. Parlez, monsieur.

M. Desmalions prononça :

— Est-il même besoin de parler ? Je crois qu’il suffit de présenter au capitaine cet album de photographies que j’ai trouvé. Tenez, mon capitaine.

Et il tendit à Patrice un album très mince, relié en toile grise et maintenu par un élastique.

Patrice le saisit avec une certaine anxiété. Mais ce qu’il vit après l’avoir ouvert était tellement inattendu qu’il poussa une exclamation :

— Est-ce croyable !

Il y avait à la première page, encastrées par les quatre coins, deux photographies, l’une à droite représentant un petit garçon en costume de collégien anglais, l’autre à gauche représentant une toute petite fille. Deux mentions au-dessous. À droite : « Patrice à dix ans. » À gauche : « Coralie à trois mois. »

Ému au-delà de toute expression, Patrice tourna le feuillet.

La seconde page les représentait encore, lui à l’âge de quinze ans, Coralie à l’âge de huit ans.

Et il se revit aussi à dix-neuf ans, et à vingt-trois ans, et à vingt-huit ans, et tou-