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la blessure était si profonde — le docteur l’a constaté — qu’un évanouissement s’en est suivi. Alors le feu, tout proche, a fait son œuvre… vous avez pu voir comment…

Patrice écoutait avec stupeur cette explication imprévue. Il murmura :

— Ainsi, selon vous, monsieur, M. Essarès est mort d’un accident ? Il n’a pas été assassiné ?

— Assassiné ! Ma foi, non, aucun indice ne nous permet une pareille hypothèse.

— Cependant…

— Mon capitaine, vous êtes victime d’une association d’idées, tout à fait justifiable d’ailleurs. Depuis hier, vous assistez à une série d’événements tragiques et votre imagination est naturellement conduite à leur donner la solution la plus tragique qui soit, l’assassinat. Seulement… réfléchissez… Pourquoi cet assassinat, et qui l’aurait commis ? Bournef et ses amis ? À quoi bon ? Ils étaient gorgés de billets de banque, et, en admettant même que l’inconnu qui porte le nom de Grégoire leur ait repris ces millions, ce n’est pas en assassinant M. Essarès qu’ils les eussent retrouvés. Et puis, par où seraient-ils entrés ? Et puis, par où sortis ? Non, excusez-moi, mon capitaine, M. Essarès est mort d’un accident. Les faits sont indiscutables, et c’est l’opinion du médecin légiste, lequel établira son rapport dans ce sens.

Patrice Belval se tourna vers Coralie.

— Et c’est l’opinion de madame également ?

Elle rougit un peu et répondit :

— Oui.

— Et c’est l’opinion du vieux Siméon ?