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on ne saisissait pas pourquoi le spectacle devait commencer à telle heure plutôt qu’à telle autre puisque cela ne dépendait que de massignac.

LE RAYON B

I

La foule voit.

Théodore Massignac siégeait au contrôle. Théodore Massignac, s’il y avait une contestation, se levait et s’empressait d’y mettre fin. Théodore Massignac allait, venait, examinait les tickets, indiquait le chemin, jetait ici un mot amiable, là un ordre impérieux, et tout cela avec son éternel sourire et sa bonne grâce obséquieuse.

De l’embarras ? Pas le moindre. Nul n’ignorait que Théodore Massignac fût cet être au mufle large et à la bouche trop fendue, qui attirait l’attention de tous Et nul ne doutait que Théodore Massignac ne fût l’homme de paille de ceux qui avaient mené toute l’affaire et supprimé Noël Dorgeroux. Mais rien n’altérait l’humeur joyeuse de Théodore Massignac, ni les ricanements, ni l’hostilité des attitudes, ni la surveillance plus ou moins discrète des policiers attachés à sa personne. N’avait-il pas eu l’effronterie de dresser, à droite et à gauche de l’entrée, sur de grands chevalets, de hautes affiches représentant la belle figure grave et ingénue de Noël Dorgeroux ?

Entre lui et moi, et à ce propos, une seule altercation qui fut vive d’ailleurs, mais brève, et n’eut pas de témoins. Révolté par la vue des affiches, je m’appro-