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Aussi rapidement qu’il avait pénétré dans la pièce, il s’élança vers le vestibule de l’appartement. Nathalie voulut le retenir, mais il lui jeta :

— Pas une minute à perdre. Il faut que je trouve Ellen-Rock… et surtout Pasquarella. Mais où est-elle ? Et que veut-elle dire par ces mots : Ne pas boire ?

L’intervention inopinée de Maxime, la rentrée en scène de Pasquarella, cet avertissement inachevé, les relations établies entre la jeune fille et Maxime, tout cela déconcerta Nathalie, qui eut si nettement l’impression d’une attaque immédiate qu’elle voulut se mettre en garde sans plus tarder. Son revolver se trouvait dans une petite table, près de son lit. Elle en ouvrit le tiroir et, tout de suite, s’avisa que certains objets de ce tiroir n’étaient pas à leur place et que la gaine du revolver n’était pas close. Elle examina l’arme. Les six balles en avaient été enlevées.

Il lui fallut un effort pour reprendre son calme avant que la femme de chambre, appelée par elle, la rejoignît.

— Personne n’est venu ici, pendant mon absence, Suzanne ?

— Non, madame.

— Vous, non plus ?

— Non, madame.

— Où étiez-vous ?

— Dans ma chambre, de l’autre côté du couloir, et je n’en suis sortie que pour ouvrir tout à l’heure à M.  Maxime. Est-ce que mademoiselle a constaté quelque chose d’anormal ?

— Ma foi, non, dit Nathalie pour ne pas alarmer cette fille. Rien du tout. Aidez-moi, Suzanne. Je vais m’habiller.

Elle n’osait pas rester seule, et son désarroi étant si grand qu’elle se fit accompagner par Suzanne jusqu’à la salle du restaurant.

Elle y fut accueillie par ce silence qui est un hommage d’admiration. Comme toujours, sa beauté, sa façon de porter la toilette la plus simple, la noblesse de sa marche faisaient sensation. Quelques minutes plus tard, ayant levé les yeux, elle aperçut Ellen-Rock qui entrait par la porte opposée. Il était en habit, d’une élégance sobre qu’on ne pou-