— Il a refusé. Aussi, crainte d’un scandale, je l’ai enfermé dans la lingerie.
— D’où il s’en est allé vers neuf heures et demie, puisqu’on l’a surpris dans le vestibule ?
— Non, monsieur le Juge.
— Comment, il ne s’en est pas allé ?
— Non.
— Qu’en savez-vous, Amélie ?
— J’avais la clef… Et, de temps à autre… quatre ou cinq fois… j’ai été le voir pour qu’il patiente… Oh ! une minute ou deux… On bavardait…
— On s’embrassait !… rugit le maître d’hôtel.
— Il est si jeune ! Un enfant…
— Et le Boisgenêt, c’est un enfant ? Et le gendarme, et Antoine, le jardinier ?
— Antoine, le jardinier ! s’exclama M. Rousselain avec joie. Comment ! lui aussi ?
Amélie se mit à rire, de bon cœur.
« Mais non, monsieur le Juge. Hier, j’avoue qu’Antoine m’a embrassée dans le cou, mais je me défendais. Seulement Ravenot, qui me guettait comme toujours, a pris ça au sérieux et m’a sauté à la gorge. C’est alors que j’ai poussé un cri que tout le monde a entendu ici… Même qu’on a cru qu’il y avait quelqu’un d’égorgé… »
Ravenot la secoua par le bras.
« Je me fiche d’Antoine. Quant à ce galopin de Gustave… »
Amélie se dégagea et d’un air courroucé :
« Voyons, quoi, Ravenot, je devais le laisser accuser par la justice ? Comment ! Voilà un brave petit qu’on persécute et qui ne souffle pas mot de nos rendez-vous, parce que ce serait me compromettre… Et je le laisserais dans le pétrin ? Ce n’est pas mon genre, Ravenot. Un garçon qui a du chic comme ça, on lui tend la main.
Ravenot resta confondu par la logique de cette argumentation. Mais Amélie reprenait :
« Tout ça, c’est du mal qu’on lui veut. Et je suis sûre, monsieur le Juge d’instruction, que vous devinez le dessous de l’histoire.
— Ce qui signifie ?…