Page:Leblanc - Le Chapelet rouge, paru dans Le Grand Écho du Nord, 1937.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’Orsacq s’était élancé et parlait en courant. Antoine, qui se tenait à sa hauteur, répétait :

— Il ne pleuvait pas encore, monsieur le comte. Et puis le pont est plus solide qu’on ne croit.

— Mais non, Antoine, il y a quelques jours, vous vous êtes plaint, vous-même…

Le jardinier portait une lanterne. Dans la tempête un peu apaisée, la cloche tintait à toute volée, et, soudain, ce fut la grande lumière. Bresson avait tourné l’interrupteur qui commandait la douzaine de lampes disposées le long de la rivière.

« Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourvu qu’il n’y ait pas eu d’accident, murmura Christiane.

— Mais non, répliqua son mari, Mme  d’Orsacq a l’habitude…

— Mais pourquoi cette promenade ?

— C’est ce que je ne comprends pas, dit Bernard. Cela me paraît si peu vraisemblable ! »

L’arche du petit pont enjambait la rivière un peu après le pavillon du jardinier, à un endroit où elle formait une chute d’environ un mètre de hauteur. La lumière électrique ne parvenait qu’à peine jusque-là. On projeta la lueur des lanternes. Rien de suspect n’apparut. Sur le pont, aucune trace de glissement.

Le comte appela : « Lucienne ! Lucienne ! »

Le jardinier se mit à galoper dans le bois. Les Bresson et les Debrioux suivirent les deux berges de la rivière, et tous ils se retrouvèrent au grand pont sans que leurs recherches eussent provoqué le moindre résultat.

Jean d’Orsacq, hors de lui, perdant tout sang-froid, déambulait et vociférait. Léonie Bresson lui empoigna le bras, impérieuse :

« Voulez-vous que je vous dise mon