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— Je sais… je sais… prononça Christiane, toujours hostile.

Jean frappa du pied.

« Ah ! c’est précisément cela que je tenais à vous faire dire ! Vous savez, n’est-ce pas ? Mon état d’âme vous est connu ? Vous n’ignorez rien de mon amour, de mon désir, de ma souffrance, de ce que vous êtes pour moi ? Vous savez que j’ai dérobé chez vous une de vos photographies, et qu’elle ne me quitte pas, que je vous porte ainsi contre moi, et que je vous regarde vingt fois par jour ? N’est-ce pas, je vous ai dit tout cela, brutalement ou à mots couverts, par un regard ou par ma présence ? N’est-ce pas ? répondez… n’est-ce pas ? »

Elle hocha la tête et murmura : Oui.

— Alors, s’écria-t-il en croisant ses bras devant elle, si vous saviez, pourquoi êtes-vous ici ?

Elle dit à voix basse :

« C’est vous, c’est votre femme qui avez insisté, et mon mari…

— Non ! non ! dit-il vivement. Je ne vous laisserai pas vous dérober. Il ne s’agit pas de ma femme, ni de votre mari, ni de moi. Il s’agit de vous, uniquement de vous, qui êtes venue sans que rien ne vous y obligeât, et qui, en venant, alors que vous connaissiez mon amour, donniez à cet amour un véritable encouragement. Accepter, c’était une réponse formelle. C’était me dire : « Vous me faites la cour : cela ne me déplaît pas. Vous voulez m’avoir près de vous, me voici… »

Elle haussa les épaules.

— Mais jamais ! jamais ! Pas un instant la question ne s’est posée de la sorte au fond de moi.

— Eh bien, dit-il avec force, il fallait refuser. Vous aviez mille prétextes pour refuser, et j’aurais compris. Au lieu de