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qui, grâce à un talisman appelé le Cercle Rouge, récompensait les bons et punissait les méchants. Vous ne voudriez pas qu’il fût dit, à la fin de l’histoire, que cette bonne fée trouva le châtiment de sa générosité.

» Vous acquitterez Florence Travis ! »

La cause était gagnée. Les yeux pleins de larmes, Florence serra chaleureusement les mains de son défenseur auquel ses confrères, ses amis et même des inconnus, vinrent adresser les plus sincères félicitations.

Le jury ayant répondu non à toutes les questions, la cour prononça l’acquittement de Florence Travis.

Celle-ci, quittant son banc, vint alors se jeter dans les bras de Mme Travis qui sanglotait, puis elle embrassa la fidèle Mary, dont l’émotion n’était pas moins profonde.

Max Lamar, le cœur débordant d’une joie indicible, s’approcha de Florence et, sans prononcer un mot, il lui baisa respectueusement la main. Ensuite, rejoignant Gordon, il mit dans une poignée de main chaleureuse toute sa gratitude, toute son admiration et la promesse d’une amitié indissoluble.



Épilogue


Un an s’est écoulé, jour pour jour.

Max Lamar, dans sa chambre, apporte les derniers soins à sa toilette de voyage.

Avant de quitter son appartement, il relit attentivement une lettre qu’il a reçue la veille et qui est ainsi conçue :

Mon cher ami,

L’année d’épreuve que je vous ai imposée, que je me suis imposée à moi-même est finie.

Après que, grâce à vous et à notre ami Gordon, j’eus été rendue à la liberté, j’ai voulu m’assurer que la terrible hérédité qui pesait sur moi était à jamais abolie. Pour acquérir cette certitude, j’avais besoin d’un important délai.

Quand je vous fis part de ma volonté irrévocable, vous avez, je le fais, infiniment souffert. J’ai souffert autant que vous. Mais je vous ai, en partant, laissé cet espoir que, si j’étais enfin affranchie de la terrible influence qui causa toutes mes aventures, je serais votre femme.

Aujourd’hui, l’épreuve est terminée. Je suis libérée à jamais de l’affreuse fatalité qui opprimait ma vie. Et, franchement, joyeusement, je vous dis : « Venez… »

Venez ! Celle qui vous aime et sera vôtre pour toujours vous attend avec impatience.

Ma chère maman désire aussi votre retour ardemment. La bonne Mary a tout préparé pour vous recevoir. Venez !

Celle qui vous attend et vous aime,

Flossie.

Max Lamar porta le cher billet à ses lèvres.

Son bonheur était immense.

Pendant douze mois, il était resté sans nouvelles de Florence. Il avait repris le cours de ses travaux et pour oublier son chagrin, s’était jeté à corps perdu dans les études scientifiques.

Lorsqu’il vit approcher le terme du délai fixé par Florence, il devint nerveux, triste, angoissé.

Il s’isola pendant les derniers jours et ne voulut voir personne.

L’incertitude le déchirait. Il passait tour à tour par des alternatives d’espoir enivrant et de détresse sans nom.

Aussi c’est en tremblant qu’il avait ouvert la lettre de Florence… Et sa joie fut si vive, si aiguë, si poignante, que cet homme si fort put à peine la supporter et chancela, défaillant.

Il se domina et, fébrilement, se prépara au départ.

Maintenant, dans le train qui l’emportait vers la petite ville où la jeune fille s’était retirée avec Mme Travis et Mary,