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— Florence, Florence, ne pleurez plus, supplia Max Lamar. C’est moi, maintenant, qui vous demande pardon, pardon à deux genoux. Je vous ai mal comprise, mal jugée, indigne que je suis de vous apprécier. Séchez vos larmes. Ah ! comment pourrais-je expier jamais ma conduite ? Quelle preuve pourrais-je vous donner de mon amour et de mon repentir ? Mon âme est déchirée. Pardonnez-moi. Florence. Je vous admire, je vous aime. Personne à mes yeux n’est au-dessus de vous. Et c’est humblement, mais avec tout mon amour, que je vous demande : « Voulez-vous être ma femme ? »

La jeune fille secoua la tête, et elle eut un geste très doux comme pour éloigner d’elle un présent qui lui semblait trop beau.

— Être votre femme, jamais ! Non, jamais ! Notre union est impossible. Je ne serai jamais, votre femme tant que j’aurai cette souillure dans ma vie, termina-t-elle d’une voix sourde en regardant sa main qui, maintenant, était libérée de l’horrible stigmate.

— Et pourquoi Florence, pourquoi ? cria Max. Qui saura jamais cela ? Votre secret demeurera notre secret… et nous l’oublierons vite avec le bonheur…

— Oui, le bonheur… murmura Florence rêveuse… Mais non, non, c’est impossible, reprit-elle en relevant les yeux. C’est impossible, je vous le répète. Cette fatalité qui pèse sur moi me poursuivra toujours. Serez-vous à toute minute auprès de moi pour m’empêcher d’agir quand je serai soumise à l’irrésistible influence qui m’entraînera, et même le pourriez-vous ?

— Oui, je le pourrai. Par la science et par la foi qui nous animera nous lutterons ensemble contre le retour du danger. Nous anéantirons les traces de cette hérédité néfaste, mais qui n’a pas su pourtant vous rendre mauvaise. Je vous promets que, grâce à nos efforts communs, la marque maudite ne reparaîtra plus sur cette main, sur cette main que je vous supplie de m’accorder, Flossie, à moi qui vous aime tant…

Florence, défaillante d’émoi, de douleur et d’amour, fit un effort suprême et, se contraignant à rester calme, elle se leva et retirant sa main que Max Lamar avait prise dans les siennes :

— Non, dit-elle fermement, je refuse. Je vous remercie de m’avoir fait entendre de telles paroles, elles ne quitteront jamais ma mémoire, elles m’aideront à supporter toutes les épreuves. Mais ce que vous me demandez est impossible. Je sens que rien ne pourra vaincre l’influence terrible que je porte en moi. Rien ! et j’aimerais mieux mourir que de vous faire participer à ma honte et à ma misère. Gardez mon souvenir, comme je garderai le vôtre. Adieu !

Et, lentement, elle se dirigea vers la porte qui venait de s’entr’ouvrir pour laisser entrer Mary.

La gouvernante était pâle et bouleversée. Elle avait compris la scène qui venait de se terminer sous ses yeux. Elle tendit