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et je me suis renseignée depuis en Angleterre.

— Soit, mais pourquoi la clef du placard où il fut volé ne quittait-elle pas le domestique ? et pourquoi, en second lieu, l’a-t-on retrouvé dans le tiroir d’une table chez Daubrecq, à Paris ?

— Évidemment Daubrecq y fait attention, et il y tient comme on tient au modèle d’une chose qui a de la valeur. Et c’est précisément pourquoi j’ai remis ce bouchon dans le placard, avant qu’il n’en eût constaté la disparition. Et c’est pourquoi aussi, la seconde fois, je vous fis reprendre le bouchon par mon petit Jacques, dans la poche même de votre pardessus, et le fis replacer par la concierge.

— Alors, il ne soupçonne rien ?

— Rien, il sait qu’on cherche la liste, mais il ignore que Prasville et moi nous connaissons l’objet où il la cache.

Lupin s’était levé et marchait à travers la pièce en réfléchissant. Puis il s’arrêta près de Clarisse Mergy.

— En somme, depuis les événements d’Enghien, vous n’avez pas fait un seul pas en avant ?

— Pas un seul, dit-elle. J’ai agi au jour le jour, conduite par ces deux hommes ou bien les conduisant, tout cela sans plan précis.

— Ou du moins, dit-il, sans autre plan que d’arracher à Daubrecq la liste des vingt-sept.

— Oui, mais comment ? En outre, vos manœuvres me gênaient, nous n’avions pas tardé à reconnaître, dans la nouvelle cuisinière de Daubrecq, votre vieille servante Victoire et à découvrir, grâce aux indications de la concierge, que Victoire vous donnait asile, et j’avais peur de vos projets.

— C’est vous, n’est-ce pas, qui m’écriviez de me retirer de la lutte ?

— Oui.

— Vous également qui me demandiez de ne pas aller au théâtre le soir du Vaudeville ?

— Oui, la concierge avait surpris Vic-