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quelles mains se trouvaient les papiers accusateurs.

— Daubrecq, insinua Lupin.

— Eh ! non, s’écria Mme Mergy, Daubrecq n’était encore rien à cette époque, il n’avait pas encore paru sur la scène. Non… rappelez-vous… la vérité on la connut tout d’un coup, par celui-là même qui la détenait, Germineaux, l’ancien Garde des Sceaux, et le cousin du président de la Compagnie du canal. Malade, phtisique, de son lit d’agonisant, il écrivit au préfet de police, lui léguant cette liste que, disait-il, l’on trouverait, après sa mort, dans un coffre de fer, au fond de sa chambre. La maison fut entourée d’agents. Le préfet s’établit à demeure auprès du malade. Germineaux mourut. On ouvrit le coffre. Il était vide.

— Daubrecq, cette fois, affirma Lupin.

— Oui, Daubrecq, proféra Mme Mergy, dont l’agitation croissait de minute en minute, Alexis Daubrecq, qui, depuis six mois, déguisé, méconnaissable, servait de secrétaire à Germineaux. Comment avait-il appris que Germineaux était le possesseur du fameux papier ? Il importe peu. Toujours est-il qu’il avait fracturé le coffre la nuit même qui précéda la mort. L’enquête le prouva et l’identité de Daubrecq fut établie.

— Mais on ne l’arrêta pas ?

— À quoi bon ! On supposait bien qu’il avait mis la liste en lieu sûr. L’arrêter, c’était l’esclandre, l’affaire qui recommençait, cette vilaine affaire dont tout le monde est las et que l’on veut étouffer à tout prix.

— Alors ?

— On négocia.

Lupin se mit à rire.

— Négocier avec Daubrecq, c’est drôle !