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— Tiens, dit Lupin à l’enfant, c’est ta maman qui vient te chercher. Ne bouge pas.

Il courut à la porte et l’ouvrit.

Une femme entra, comme une folle.

— Mon fils ! s’exclama-t-elle… mon fils, où est-il ?

— Dans ma chambre, dit Lupin.

Sans en demander davantage, montrant ainsi que le chemin lui était connu, elle se précipita dans la chambre.

— La jeune femme aux cheveux gris, murmura Lupin, l’amie et l’ennemie de Daubrecq, c’est bien ce que je pensais.

Il s’approcha de la fenêtre et souleva le rideau. Deux hommes arpentaient le trottoir, en face : Grognard et Le Ballu.

— Et ils ne se cachent même pas, ajouta-t-il. C’est bon signe. Ils considèrent qu’il faut obéir au patron. Reste la jolie dame aux cheveux gris. Ce sera plus difficile. À nous deux, la maman !

Il trouva la mère et le fils enlacés, et la mère tout inquiète, les yeux mouillés de larmes, qui disait :

— Tu n’as pas de mal ? tu es sûr ? Oh ! comme tu as dû avoir peur, mon petit Jacques !

— Un rude petit bonhomme, déclara Lupin.

Elle ne répondit pas, elle palpait le jersey de l’enfant, comme Lupin l’avait fait, sans doute pour voir s’il avait réussi dans sa mission nocturne, et elle l’interrogea tout bas.

— Non, maman… je t’assure que non, dit l’enfant.

Elle l’embrassa doucement et le câlina contre elle, si bien que l’enfant, exténué de fatigue et d’émotion, ne tarda pas à s’endormir. Elle demeura longtemps encore penchée sur lui. Elle-même semblait très lasse et désireuse de repos.

Lupin ne troubla pas sa méditation. Il la regardait anxieusement, avec une attention dont elle ne pouvait pas s’apercevoir, et il nota le cerne plus large de ses paupières et la marque plus précise de ses rides.