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nous jouons… c’est une féerie, une féerie comme les Pilules du Diable, ou bien le pied de Mouton. Dès que j’aurai quelques semaines de repos, j’écrirai ça… le Bouchon Magique, ou les Mésaventures du pauvre Arsène.

— Enfin, qui te l’a repris ?

— Qu’est-ce que tu chantes !… Il s’est envolé tout seul… Il s’est évanoui dans ma poche… Passez, muscade.

Il poussa doucement la vieille bonne, et, d’un ton plus sérieux :

— Rentre, Victoire, et ne t’inquiète pas. Il est évident qu’on t’avait vu me remettre ce bouchon et qu’on a profité de la bousculade, dans le magasin, pour le cueillir au fond de ma poche. Tout cela prouve que nous sommes surveillés de plus près que je ne pensais, et par des adversaires de premier ordre. Mais, encore une fois, sois tranquille. Les honnêtes gens ont toujours le dernier mot. Tu n’avais rien d’autre à me dire ?

— Si. On est venu, hier soir, pendant que M. Daubrecq était sorti. J’ai vu des lumières qui se reflétaient sur les arbres du jardin.

— La concierge ?

— La concierge n’était pas couchée.

— Alors ce sont les types de la Préfecture ; ils continuent de chercher. À tantôt, Victoire… Tu me feras rentrer…

— Comment ! tu veux…

— Qu’est-ce que je risque ? Ta chambre est au troisième étage. Daubrecq ne se doute de rien.

— Mais les autres ?

— Les autres ? S’ils avaient eu quelque intérêt à me faire mauvais parti, ils l’auraient déjà tenté. Je les gêne, voilà tout. Ils ne me craignent pas. À tantôt, Victoire, sur le coup de cinq heures.

Une surprise encore attendait Lupin. Le soir, sa vieille bonne lui annonça que, ayant ouvert par curiosité le tiroir de la table de nuit, elle y avait retrouvé le bouchon de cristal.

Lupin n’en était plus à s’émouvoir de ces