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loyée… une personne de magasin, pas élégante…

— Qui a-t-elle demandé ?

M. Michel Beaumont, répondit le domestique.

— Bizarre. Et quel motif ?

— Elle m’a dit simplement que cela concernait l’affaire d’Enghien… Alors, j’ai cru…

— Hein ! l’affaire d’Enghien ! Elle sait donc que je suis mêlé à cette affaire !… Elle sait donc qu’en s’adressant ici…

— Je n’ai rien pu obtenir d’elle, mais j’ai cru tout de même qu’il fallait la recevoir.

— Tu as bien fait. Où est-elle ?

— Au salon. J’ai allumé.

Lupin traversa vivement l’antichambre et ouvrit la porte du salon.

— Qu’est-ce que tu chantes ? dit-il à son domestique. Il n’y a personne.

— Personne ? fit Achille qui s’élança.

En effet le salon était vide.

— Oh ! par exemple, celle-là est raide ! s’écria le domestique. Il n’y a pas plus de vingt minutes que je suis revenu voir par précaution. Elle était là. Je n’ai pourtant pas la berlue.

— Voyons, voyons, dit Lupin avec irritation. Où étais-tu pendant que cette femme attendait ?

— Dans le vestibule, patron ! Je n’ai pas quitté le vestibule une seconde ! Je l’aurais bien vue sortir, nom d’un chien !

— Cependant elle n’est plus là…

— Évidemment… évidemment… gémit le domestique, ahuri… Elle aura perdu patience, et elle s’en est allée. Mais je voudrais bien savoir par où, crebleu !

— Par où ? dit Lupin… pas besoin d’être sorcier pour le savoir.

— Comment ?

— Par la fenêtre. Tiens, elle est encore entre-bâillée… nous sommes au rez-de-chaussée… la rue est presque toujours déserte, le soir… Il n’y a pas de doute.

Il regardait autour de lui et s’assurait que rien n’avait été enlevé ni dérangé. D’ailleurs, la pièce ne contenait aucun bi-