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aucune surprise, l’ayant ouverte, de constater qu’elle contenait quatre feuilles de papier blanc.

— Allons, se dit-il, je ne suis pas de force avec ces gaillards-là. Mais tout n’est pas fini.

Tout n’était pas fini, en effet. Si Lupin avait agi avec autant d’audace, c’est que les lettres existaient et qu’il comptait bien les acheter à Stanislas Vorenglade. Mais puisque, d’autre part, Vorenglade ne se trouvait pas à Paris, la tâche de Prasville consistait simplement à devancer la démarche de Lupin auprès de Vorenglade, et à obtenir de Vorenglade, coûte que coûte, la restitution de ces lettres si dangereuses.

Le premier arrivé serait le vainqueur.

Prasville reprit son chapeau, son pardessus et sa canne, descendit, monta dans une auto et se fit conduire au domicile de Vorenglade.

Là, il lui fut répondu qu’on attendait l’ancien député, retour de Londres, à six heures du soir.

Il était deux heures de l’après-midi.

Prasville eut donc tout le loisir de préparer son plan.

À cinq heures, il arrivait à la gare du Nord et postait, de droite et de gauche, dans les salles d’attente et dans les bureaux du personnel, les trois ou quatre douzaines d’inspecteurs qu’il avait emmenés.

De la sorte il était tranquille.

Si M. Nicole tentait d’aborder Vorenglade, on arrêtait Lupin. Et, pour plus de sûreté, on arrêtait toute personne pouvant être soupçonnée, ou bien d’être Lupin, ou un émissaire de Lupin.

En outre, Prasville effectua une ronde minutieuse dans toute la gare. Il ne découvrit rien de suspect. Mais, à six heures moins dix, l’inspecteur principal Blanchon, qui l’accompagnait, lui dit :

— Tenez, voilà Daubrecq.

C’était Daubrecq, en effet, et la vue de son ennemi exaspéra tellement le secrétaire général qu’il fut sur le point de le faire arrêter. Mais pour quel motif ? De quel droit ? En vertu de quel mandat ?