Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout de suite il vit, par-derrière, une partie mobile qui glissait. Il fit un effort. L’œil était creux.

À l’intérieur, il y avait une boulette de papier.

Il la déplia, et, rapidement, sans s’attarder à un examen préalable des noms, de l’écriture, ou de la signature, il leva les bras et tourna le papier vers la clarté des fenêtres.

— La croix de Lorraine s’y trouve bien ? demanda M. Nicole.

— Elle s’y trouve, répondit Prasville. Cette liste est la liste authentique.

Il hésita quelques secondes, et demeura les bras levés, tout en réfléchissant à ce qu’il allait faire. Puis, il replia le papier, le rentra dans son petit écrin de cristal, et fit disparaître le tout dans sa poche.

M. Nicole, qui le regardait, lui dit :

— Vous êtes convaincu ?

— Absolument.

— Par conséquent, nous sommes d’accord ?

— Nous sommes d’accord.

Il y eut un silence, durant lequel les deux hommes s’observaient sans en avoir l’air. M. Nicole semblait attendre la suite de la conversation. Prasville qui, à l’abri des livres accumulés sur la table, tenait d’une main son revolver, et de l’autre touchait au bouton de la sonnerie électrique, Prasville sentait avec un âpre plaisir toute la force de sa position. Il était maître de la liste. Il était maître de Lupin !

— S’il bouge, pensait-il, je braque mon revolver sur lui et j’appelle. S’il m’attaque, je tire.

À la fin, M. Nicole reprit :

— Puisque nous sommes d’accord, mon-